Vía Campesina – Voie paysanne, en espagnol – est un nom qui n’est pas encore très connu du grand public mais est sans doute appelé à le devenir dans un proche avenir. Il désigne une organisation constituée d’associations implantées aux quatre coins du monde et qui ont en commun de lutter pour un retour vers une pratique plus humaine de l’agriculture et de la production alimentaire. Comme l’explique Annette Aurélie Desmarais, « [l]eur vision repose sur des principes de justice sociale et économique, notamment sur l’égalité des ethnies et des sexes. La mobilisation et les manifestations publiques demeurent les principales stratégies dans leur combat pour un meilleur accès aux ressources de production ».
Vía Campesina a été créée en réaction à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et au modèle de globalisation néolibérale que celle-ci a imposé jusque dans le domaine agroalimentaire. Le principal objectif de Vía Campesina consiste à bâtir un modèle agricole fondé sur la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire sur le droit des nations à produire elles-mêmes leurs aliments de base. Ce faisant, elle travaille à la survie des petites exploitations agricoles et des familles de paysans, dont le gagne-pain est menacé à cause des règles imposées par l’OMC et la toute-puissante industrie agroalimentaire.
Vía Campesina est donc un acteur privilégié dans une lutte où s’affrontent deux conceptions du monde radicalement opposées. D’un côté, les forces de la globalisation économique s’acharnent à détruire la diversité, à homogénéiser et à instaurer à l’échelle de la planète une économie et une culture uniques. De l’autre côté, les forces contestataires affirment la différence et défendent la diversité. Elles clament le droit des petits paysans à continuer à vivre de leur production. Et, heureusement, grâce à leur regroupement au sein de Vía Campesina, la voix de ceux-ci se fait de plus en plus entendre.
Annette Aurélie Desmarais enseigne au Département de droit de l’Université de Regina et agit comme conseillère technique auprès de Vía Campesina depuis sa fondation. Elle a donc pu bénéficier de renseignements de première main pour la rédaction de son essai qui, à coup sûr, passionnera les lecteurs et lectrices s’intéressant à l’agroalimentaire ou au commerce international.