Peut-être à cause de son imprécision, l'appellation récit situe bien le livre. Beaucoup de témoignages cueillis à chaud, quelques arrêts sur image, interventions ponctuelles de l'enquêteur, autant de genres littéraires mis à contribution avec tact et efficacité. Il est heureux qu'il en aille ainsi, car la réconciliation entre une ethnie qui a tué et celle qui a subi la machette fait partie des mystères rarement abordés et jamais expliqués vraiment. Le pari semble d'ailleurs démesuré. Comment, en effet, les pouvoirs publics peuvent-ils, d'un ukase, forcer bourreaux et victimes à tourner la page ? Jean Hatzfeld avait de bonnes raisons de douter de cette étrange pédagogie. Les tueurs, relâchés par milliers des camps où on les avait parqués, reviennent à la libre circulation sociale sans qu'on sache encore s'ils ont assimilé les conseils qu'on leur a dispensés pendant leur mise à l'écart. « On nous a appris, dit l'un . . .
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