Cet essai est un regroupement de quatre textes déjà publiés par des chercheures Suvrant à l’Université Laval. Spécialistes de la condition féminine, Pierrette Bouchard, Natasha Bouchard et Isabelle Boily se sont penchées sur un inquiétant phénomène de société : la fabrication de l’« enfant-femme ».
En effet, la majorité des tweens d’aujourd’hui, c’est-à-dire les fillettes âgées entre 8 et 12 ans, délaissent les poupées pour se vêtir et se maquiller comme leurs provocantes idoles de la chanson : nombril à l’air, semelles compensées et pantalon moulant, elles ne se contentent pas de copier le look des bombes du hip-hop mais adoptent aussi leur comportement sexualisé à outrance.
Mais à qui profite la consommation de maquillage et d’articles de mode de ces gamines ? Aux marchands d’image, d’abord, puisque les 8-12 ans constituent la cohorte démographique la plus importante depuis les baby-boomers. La plus dépensière, également. Et comme chacun le sait, pour être acceptée par le groupe, l’adolescente doit porter les « bonnes griffes ». Mais plus encore, elle doit adopter la bonne attitude.
Or, c’est ici que se mêle pernicieusement au commerce un discours masculiniste, voire patriarcal, sur ce que la jeune fille doit faire et ne pas faire pour garder son copain, être in, être celle que l’on regarde, quoi ! Derrière ce soi-disant « girl power » se cache le pathétique discours qu’une fille peut être l’égale d’un garçon, à condition de rester séduisante.
Ce double standard accroît la vulnérabilité des fillettes face au regard d’autrui et en fait des quémandeuses d’approbation. Heureusement, les auteures proposent un texte final destiné aux préadolescentes fragilisées, qui pourra aussi servir de guide aux parents avisés souhaitant échanger avec leurs enfants sur les risques qu’entraînerait un recul de la condition féminine.