Roland Marx est spécialiste de l’histoire des îles britanniques et professeur à l’Université de Paris-III. Dans cet ouvrage sur la reine Victoria, il se propose de replacer la souveraine dans son contexte sociohistorique en privilégiant une approche chronologique des événements ayant marqué son règne.
Quoique sérieuse et fouillée, l’étude de Roland Marx n’en est pas moins inutilement longue, notamment à cause d’une surabondance de citations qui finissent par encombrer la lecture. Non seulement l’auteur aurait eu avantage à resserrer son propos, mais il aurait aussi gagné à lui imprimer une ligne directrice mieux définie. Car c’est là que le bât blesse : à mi-chemin entre la biographie et l’analyse d’une époque, le livre se présente comme un produit hybride où aucun des deux genres n’est réellement approfondi. De surcroît, le lecteur peu informé sur l’époque victorienne n’y apprendra pas grand-chose de neuf, et le portrait qu’il retiendra de la reine Victoria demeurera somme toute assez convenu.
Roland Marx semble avoir eu du mal à faire preuve d’esprit critique vis-à-vis de son sujet, comme s’il avait davantage cherché à rendre le point de vue du monarque que celui de l’historien. On sent chez lui une retenue qui l’empêche d’insister sur le rôle controversé de la monarchie anglaise en ce XIXe siècle secoué par les revendications sociales. Bien qu’il prenne la peine d’évoquer les rapports parfois tendus entre la reine et « ses » premiers ministres, il élude les questions litigieuses qui auraient pu revêtir une dimension politique. Paradoxalement, malgré son intention de présenter une souveraine inscrite dans son temps, Roland Marx nous laisse de Victoria l’image d’une femme ayant vécu en marge de son siècle.