Dans ce livre, qui se veut une synthèse récapitulative de son œuvre, le philosophe Michel Onfray expose les propositions de sa pensée hédoniste, souhaitant « donner à ce terme une dignité qu’il n’a pas ».
Dès le premier chapitre, l’auteur présente les fondements de sa position utilitaire et pragmatique, en laissant entrevoir les influences des théories de Freud, de Nietzsche et de Marx qui l’ont marquée. Il montre comment l’hédonisme et l’épicurisme ont été ostracisés par les philosophes contemporains, victimes d’un clivage idéologique. Puis, affirmant que « la pensée procède de l’interaction entre une chair subjective qui dit je et le monde qui la contient », il exprime l’importance du corps dans le processus réflexif, s’inscrivant en faux contre les philosophes platoniciens qui laissent croire en « une pensée venue d’ailleurs », comme « descendue du ciel ». Ainsi, aux propos platoniciens théorétiques et élitistes, il oppose une réflexion épicurienne, pratique et existentielle.
Puisqu’il défend une pensée qu’il dit être systémique, il consacre les chapitres suivants à en démontrer la justesse dans des champs d’application concrets, à savoir l’éthique, l’érotique, l’esthétique, la bioéthique et la politique.
Tout au long de son manifeste, écrit de façon dense et directe, Michel Onfray ne fait preuve d’aucune politesse dans son argumentation. Il force la réflexion afin de repenser les règles et les interdits, invitant ses lecteurs à effectuer des micro-résistances. Et s’il n’est pas facile à suivre dans son cynisme, l’auteur laisse invariablement une impression de sérénité, malgré la marginalité de ses positions dont l’objectif est de « créer des occasions individuelles ou communautaires d’ataraxie réelle et de sérénités effectives ». Au final, il invite à approfondir la connaissance de soi dans la chair même du savoir, affirmant que « philosopher, c’est rendre viable et vivable sa propre existence là où rien n’est donné et tout reste à construire ». À consommer immodérément.