Réunissant sept adeptes québécois de la « psychosomatique religieuse », cet ouvrage a pour objectif de mettre en lumière les liens de la souffrance corporelle avec la vie spirituelle dans la perspective d’une anthropologie chrétienne. Contre la théorie selon laquelle l’individu ne jouit de l’existence que s’il accomplit le carpe diem et assume sa solitude monadique, il s’agit de partir du principe que seule la quête relationnelle peut faire en sorte que le sujet unisse le corps et l’esprit. II doit pour cela accepter de se mettre à l’écoute des signes marquant des impératifs émotionnels laissés pour compte dans son parcours de vie : « Le corps malade signifie donc à la personne la nécessité de s’arrêter et d’oser des relations plus vraies avec elle-même, les autres et Dieu. » L’intérêt de certains des textes recueillis par Marc Dumas (quelques-uns sont malheureusement d’une redoutable banalité) est par conséquent de réaffirmer l’importance dans la guérison des facteurs psycho-spirituels.
On peut bien sûr se demander si une psychothérapie d’orientation théologique ne sert pas en fait tout simplement à déplacer le mal-être et à faire porter sur l’Autre le poids de la solution en confortant les illusions et les mécanismes de défenses. Dieu devient alors l’agent d’une hétéroguérison, une sorte d’agent de sublimation. Qu’on m’entende bien ; je ne conteste aucunement la richesse des ressources de la dimension spirituelle ; je suis tout simplement inquiet quand elle risque de devenir un lieu de substitution.
Quoi qu’il en soit, ce qui importe par-dessus tout, dans la clinique plus encore que dans les livres, c’est que la personne en détresse retrouve la capacité de mettre en branle ses propres mécanismes d’autoguérison. Si Dieu lui est utile, pourquoi pas ? Dans ce cas, cet ouvrage donnera à réfléchir tant au thérapeute qu’à celui ou à celle qui consulte. D’autres préfèrent Deepak Chopra, d’autres les voyages, d’autres encore le saut dans l’inconnu. Ici, la fin justifie les moyens. Ce dont on ne peut certainement pas douter, c’est qu’il faille, pour reprendre l’expression de Jacques Salomé, « oser se dire » si l’on veut revenir à soi.