L'adolescence partage ceci avec le mythique paradis terrestre : quiconque l'a quittée ne peut y retourner. Il n'en conserve ni la langue ni l'imaginaire. L'adulte, qui aimerait accompagner le plus jeune dans ses émerveillements et ses présomptions, est aussi démuni que s'il n'avait jamais osé les mêmes explorations. Que dire ? Comment le dire ? Il est si difficile de trouver le ton juste qu'il faut apprécier comme une heureuse anomalie le récit que propose Marie Gray aux adolescents.
Comme presque toutes ses semblables à tel ou tel virage de leur existence, Sarah-Jeanne se heurte à la solitude : déménagement, nouvelle école, amitiés rompues, règles inconnues et menaçantes, tout dresse un mur entre le passé et le présent, entre elle et le reste du cosmos. Même si un adulte, tout à coup intuitif, entrevoyait la difficulté, il n'aurait rien à offrir. L'adolescente est seule et préfère, malgré tout, sa douloureuse autonomie à toute . . .
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