Il existe un mythe Pasolini, dont Pierre Adrian s’alimente constamment pour composer son premier livre, situé entre le pèlerinage culturel et le portrait disloqué. De manière non chronologique, l’auteur retrouve quelques proches de l’artiste à travers des lieux fréquentés par le Frioulan Pier Paolo Pasolini (1922-1975), en n’oubliant pas la funeste plage d’Ostie, près de Rome, où le cinéaste trouva la mort. Que reste-t-il aujourd’hui de son œuvre foisonnante ? Comment sa mémoire est-elle perpétuée ? Selon Pierre Adrian, Pasolini serait devenu une célébrité dont on ne connaîtrait pas vraiment les œuvres ni la contribution : « […] certains le connaissent en fait très peu et en font leur Che Guevara italien. Comme une marque qu’on porte sur les tee-shirts ».
Fasciné par Pasolini, Pierre Adrian adopte un style libre qui oscille entre l’évocation et le reportage, bien que plusieurs passages plus personnels ne fassent pas directement allusion à Pasolini, mais uniquement à sa mémoire. Souvent, La piste Pasolini s’apparente à une quête d’un maître à penser dont on regretterait la disparition prématurée et injuste : « Comme un chien renifle une piste, je pressens que celle de Pasolini s’est envolée dès mes premiers pas dans Rome. C’est comme un touriste américain qui s’attend à trouver du Hemingway à Paris ». Si Pierre Adrian évoque au passage les trois fonds d’archives sur Pasolini, il ne les a pas mis à profit pour cet essai. Mais l’essayiste a pu voir d’anciennes voisines qui lui indiquent les immeubles où le poète aurait vécu ; il a même rencontré son cousin, le biographe Nico Naldini. Avec cette incessante question : « Si Pasolini n’était pas mort, selon vous, où serait-il aujourd’hui ? »
Les familiers de l’univers pasolinien connaissent sans doute les anecdotes relatées ici. Pour en savoir plus sur Pasolini, on lira avec profit l’autobiographie posthume Qui je suis (2004) ou encore l’excellente monographie de Piero Spila, la seule à présenter systématiquement chacun de ses films (Pier Paolo Pasolini, ses films : guide critique pour nouveaux spectateurs, 2015).
Quarante ans après sa disparition, une vingtaine de monographies sur Pasolini ont été traduites en français, et presque tous ses films sont ressortis en DVD. Et en dépit du penchant avoué de Pasolini pour les adolescents, il reste à la fois controversé, célébré et réédité, en Italie comme en France.
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