La stratégie occupe désormais tellement d’espace dans la vie des partis politiques qu’il devient courant et même nécessaire de tenter le décodage de la pensée de l’adversaire. C’est l’exercice auquel s’adonne avec vigueur et passablement de mesure l’ex-député bloquiste Daniel Turp en prenant pour objet le fameux « plan B » du gouvernement central. Sauf dans une ou deux occasions où il succombe à la tentation de suivre le ministre Stéphane Dion sur le terrain de la familiarité déplacée, Turp rédige un texte certes partisan, mais contenu et probant.
Turp atteint ainsi un double résultat. D’une part, il donne à ce qui pouvait demeurer une expression journalistique belle et vide une existence palpable. On quitte le terrain de l’obsession pour entrer dans le monde de la menace réelle. D’autre part, il montre avec grande clarté comment le plan B modifie les comportements quotidiens de l’appareil politique fédéral.
Familier des congrès internationaux où les langues se délient et des coulisses parlementaires, Daniel Turp en sait évidemment plus qu’il ne nous rapporte. Qu’il s’en soit tenu à ce qu’il pouvait établir sans conteste renforce la crédibilité d’une argumentation toujours menacée par la paranoïa partisane. La conviction du député a laissé intacte la rigueur du constitutionnaliste.