La mise au silence rassemble les contributions d’écrivains, de critiques et d’universitaires (français, italiens et québécois) réunis à l’Université de Bologne autour de l’œuvre de Pascal Quignard. Pour l’occasion, ce dernier a d’ailleurs livré un conte inédit qui, placé au début de l’ouvrage, inaugure magistralement la réflexion consacrée principalement à trois aspects de son uvre : la lecture, l’écriture et le rapport à la musique.
Pascal Quignard se définit lui-même, en premier lieu, comme un lecteur. On notera avec intérêt que ses premiers écrits sont des essais consacrés à d’autres auteurs (Sacher-Masoch, Maurice Scèves, Michel Déguy) et que son œuvre de fiction prend naissance avec la publication d’un récit intitulé précisément Le lecteur. Si la lecture revêt une telle importance, c’est parce qu’elle « étreint le langage et le met au silence » (Jean d’Yvoires). On est alors en mesure de percevoir la correspondance secrète avec l’écriture puisqu’écrire, selon Quignard, permet « de dire sans parler ».
Ce silence semble propice à l’écoute des nombreuses voix qui se fondent dans la parole quignardienne. Érudite, combative et transgressive, l’écriture se déploie dans l’espace du roman et de l’essai avec la même fulgurance, en ouvrant le récit à l’espace de nombreux savoirs (ethnologique, psychanalytique, historique).
À cet égard, il est difficile d’ignorer les liens complexes qu’entretiennent les romans et les essais de Pascal Quignard avec la musique. Ces rapports semblent paradoxaux puisque, comme le note Gilles Dupuis, certains textes de l’auteur de la Haine de la musique semblent obéir à des règles de composition proprement musicales.
Il eût été intéressant, à ce propos, qu’un des intervenants évoque l’essai de Quignard consacré au peintre Georges de La Tour : La nuit et le silence. Nous serons quand même sensibles au clin d’il complice que nous adresse Andrea Bedeshi lorsqu’il déclare que l’un des maîtres de Quignard est le défunt Louis-René des Forêts, auteur d’un roman intitulé Le bavard.