Howard Zinn est mort le 27 janvier 2010. Je connaissais sans le connaître l’auteur d’une controversée et dérangeante histoire des États-Unis (Une histoire populaire des États-Unis, De 1492 à nos jours), son net penchant à gauche, son intérêt pour les opprimés. Trois de ses textes sont ici réunis où, malgré le sous-titre, il est fort peu question de Barack Obama. Le plus long d’entre eux porte sur la distinction entre « La loi et la justice ». Il s’agit d’un article sur la question (et le problème) de la désobéissance civile, rédigé au cours des années 1980 et extrait d’un précédent ouvrage de Zinn. Les aspects techniques ou juridiques sont forcément évoqués, forcément et rapidement, l’important étant pour l’auteur de démontrer la nécessité d’une action elle-même inscrite, dit-il, dans la Constitution américaine. Des exemples empruntés à des épisodes entourant les protestations contre la guerre du Vietnam, la ségrégation raciale, illustrent ces quelques vérités : « l’obéissance aveugle à toutes les lois peut mener au non-respect de la justice », « la plupart des gens estiment que la justice est plus importante que la loi » et « [un] tribunal, qui se veut pourtant l’un des bastions de la démocratie, est essentiellement une tyrannie » car « la liberté d’expression n'[y] existe pas ». On imagine ce que pareils propos peuvent avoir de dérangeant au pays du freedom of speech.
« Au-delà de Barack Obama » en appelle à un mouvement social de la force de celui des années 1960, où le peuple avait fait entendre raison au gouvernement, et c’est en ce sens que Zinn peut écrire : « Il ne faut pas se fier à Barack Obama ». C’est-à-dire qu’il ne faut surtout pas croire que l’arrivée au pouvoir d’un président bien intentionné représente un terme : elle n’est que l’émergence ou la promesse d’un mouvement vers une nation plus pacifique et plus juste. Troisième et dernier article, « Du refus d’abandonner » témoigne d’un constat simple, à savoir que la jeunesse n’est pas aussi désengagée qu’on le prétend.
Les trois articles de La mentalité américiane, Au-delà de Barack Obama discutent, examinent, mais d’abord et avant tout provoquent, en appellent à des changements qui sont longs à venir tant la mentalité étatsunienne repose sur une foi quasi aveugle en son sentiment d’exceptionnalisme et en son drapeau.