9 juillet 2006, Berlin. La planète au complet (à quelques millions près ) a les yeux rivés sur le terrain de football pour la finale de la Coupe du monde où un joueur, à lui seul, supplante toute l’action : Zinedine Zidane. À ce moment précis, il foule, pour la dernière fois comme joueur, l’herbe d’un stade. Quelle que soit l’issue du match, elle sera tragique. Car Zidane est sorti de sa retraite, un an moins un jourexactement, pour se joindre à l’équipe de France. Avec le brassard de capitaine, il a mené l’équipe à la finale.
Zidane, c’est un des plus grands joueurs de tous les temps. Sur la scène du football international, il sera auréolé de deux titres prestigieux, soit le Ballon d’or et le joueur FIFA de l’année en 1998. Cette même année, avec l’équipe de France, il remportera la Coupe du monde et, deux ans plus tard, le championnat d’Europe des nations, doublé jamais réalisé auparavant. Il annoncera sa retraite le 4 août 2004.
Le 3 août 2005, il déclare qu’il reviendra jouer pour les Bleus si l’équipe se qualifie. La planète football a retenu son souffle. L’équipe s’est qualifiée, « Zizou » en fut nommé capitaine et il réussit à mener l’équipe à la finale. Et tout se jouait là, le 9 juillet 2006, à Berlin. Mais ce n’était pas une finale comme les autres.
Car Zidane n’est pas seulement un joueur de football. C’est aussi un symbole, le porte-couleurs d’un peuple qui s’est mis à scander « Black-Blanc-Beur » (qualificatifs respectifs pour les Noirs, les Blancs et les Arabes) plutôt que « Bleu-Blanc-Rouge » en l’honneur d’une équipe qui représentait la multiethnicité de l’Hexagone. Quelque temps auparavant, le pays avait vécu des élections cauchemardesques : le Front national, parti d’extrême droite, s’était retrouvé au second tour à la surprise générale. À ce moment, Zidane, ce Français d’origine magrébine, symbolisait la victoire, tant sur le terrain de football que dans l’imaginaire de bien des Français.
9 juillet 2006, Berlin. C’est la finale de Zizou, un moment où se mélangent excitation et mélancolie. Et soudain, le ciel s’effondre. Les spectateurs, incrédules, voient Zidane être expulsé du match. « Incapable de marquer un but, il marquera les esprits. » Que s’est-il passé ? Jean-Philippe Toussaint, en quelques lignes magnifiques et superbement mesurées, répond à cette question.