L’action de ce roman de guerre (curieusement baptisé « thriller ») se passe en 1942, pendant la bataille de Stalingrad. Depuis six mois, la ville est le siège d’affrontements sans merci entre armées soviétique et allemande. Dans la ville en ruines, au cœur de l’hiver, les belligérants s’affrontent dans des combats meurtriers, quartier par quartier, rue par rue, maison par maison et il arrive parfois que dans un même immeuble, chaque étage soit occupé et défendu âprement par les soldats des deux camps. C’est la « guerre des rats », où tous les coups sont permis et où on s’affronte souvent dans des corps à corps sans merci, à la baïonnette, à la pelle, à l’arme blanche. En première ligne, on trouve les « snipers », ces tireurs d’élite qui font des dizaines de victimes et sèment la terreur dans les rangs ennemis. Pour écrire ce roman d’action, dont l’intérêt ne baisse jamais, David Robbins s’est inspiré d’un personnage réel, Vassili Zaïtsev, surnommé « le lièvre », responsable d’une école de tireurs d’élites et qui abattit à lui seul plus de 200 soldats ennemis. Propagande ou fait réel ? Les Russes firent courir la rumeur selon laquelle les Allemands avaient fait venir leur meilleur tireur pour tenter d’abattre le « lièvre ». Robbins a repris cet épisode pour imaginer le personnage de Heinz Thornvald, un colonel SS, alias le « maître d’école », qui dirige les détachements de tireurs d’élite de la Wehrmacht. Page après page, le suspense augmente alors que le chasseur et la proie jouent de finesse, inversent leurs rôles, le reprennent de plus belle C’est une partie de cache-cache mortelle qui se joue dans le cadre d’une des batailles les plus décisives de la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle le Reich subit sa première grande défaite. Seul bémol (mineur) dans cette histoire hallucinante, menée de main de maître par un auteur talentueux : l’idylle amoureuse entre Zaïtsev et son élève russo-américaine Tania Chernova.
On peut sans peine imaginer le film percutant que des cinéastes comme Sam Peckinpah ou Steven Spielberg pourraient faire avec un sujet aussi explosif ! Magistral.