Dans son long métrage Manhattan (1979), Woody Allen joue un personnage (Isaac Davis) qui redoute par-dessus tout l’idée de la publication d’une biographie contenant tous les détails déplaisants relatifs à sa vie privée. Ce cauchemar anticipé est aujourd’hui devenu réalité : il s’agit du livre de Marion Meade, traduit de l’américain The Unruly Life of Woody Allen. Cette biographie non autorisée, qui couvre l’enfance jusqu’à nos jours, se centre principalement sur les travers de la vie personnelle de Woody Allen, en laissant de côté l’aspect créatif de sa carrière (qui ne sert en fait que de toile de fond), pour se concentrer sur les aspects pathologiques de l’homme.
Avec La folle vie de Woody Allen, on a parfois l’impression de lire le National Enquirer, l’équivalent américain du Lundi ou de Photo-Vedettes. Pourtant, Marion Meade a effectué une longue enquête auprès de proches du cinéaste ; elle n’a toutefois pas eu l’occasion de laisser le principal intéressé s’expliquer directement, ce dont elle s’accommode fièrement. Marion Meade ne s’est pas vraiment intéressée à l’artiste ; elle écrit d’ailleurs à propos de l’avant-dernier long métrage de Woody Allen ce commentaire qui traduit un jugement somme toute assez superficiel de l’œuvre : « Comme la plupart des films de Woody, Celebrity comportait plusieurs moments de sublime hilarité, mais le reste était passablement ennuyeux et manquait de substance, comme s’il s’agissait d’un scénario de vingt minutes que l’on aurait étiré pour en faire un long métrage de deux heures. »
Ceux qui veulent connaître des détails croustillants sur les relations de Woody Allen avec les femmes, en particulier Mia Farrow et Soon-Yi, seront choyés. Ceux qui croient en revanche que les films de Woody Allen valent plus que de simples comédies de mSurs n’apprendront rien de nouveau sur le sens de l’œuvre du cinéaste. Je recommanderais plutôt les scénarii des films Annie Hall et Manhattan de Woody Allen, récemment publiés dans des éditions bilingues par Les Cahiers du cinéma (2000).