À l’heure des grands débats sur les accommodements raisonnables, à l’heure où certains se sentent menacés par ceux qui ne semblent pas vouloir s’intégrer totalement à la société québécoise, à l’heure où d’autres multiplient les efforts pour faciliter cette intégration, arrive à point nommé cet ouvrage consacré aux problèmes de ceux qui font partie de la « seconde génération » issue de l’immigration. Il s’agit d’individus nés de parents immigrés, ou ayant eux-mêmes immigré à un très jeune âge, et qui pour des raisons diverses ont connu un blocage de mobilité, c’est-à-dire qu’ils se sont vus condamnés à rester au bas de l’échelle sociale, dans la société où ils ont grandi. Ils ont forcément assimilé la culture de cette société mais sont pourtant restés exclus. Ils se sentent pareils aux autres mais sont perçus par les autres comme étant différents. Bien entendu, les questions de race, de religion et de couleur de peau viennent souvent corser le problème. Il en résulte alors un besoin, chez ces jeunes, de se protéger de telles tensions, un besoin que semble combler le ghetto, qui parallèlement représente une menace pour ceux qui y sont étrangers.
Ces questions sont soulevées et étudiées par des enquêteurs Suvrant dans le milieu québécois. Les constatations faites ne sont pas présentées comme des valeurs absolues mais sont comparées avec des données recueillies en France, le pays qui a été, jusque vers 1970, le plus grand des pays d’immigration en Europe. Alors qu’il semblait ne pas y exister de problèmes d’immigration, la presse internationale s’est faite récemment l’écho de la révolte de ces descendants d’immigrants en France qui, par la force des choses, se sont construit une identité marginale, locale, celle de leur quartier de banlieue, celle de leur monde minoritaire et de la culture urbaine qui s’y est développée.
Une étude qui prend donc toute son importance dans les grands débats qui mobilisent actuellement la société québécoise.