Étudiant au doctorat en science politique à l’UQAM et à l’Université Paris-VIII, où il rédige une thèse sur l’histoire du mot démocratie en Grande-Bretagne au XIXe siècle, Hugo Bonin examine la question de l’utilisation du hasard dans le choix des représentants de la population.
Cette réflexion n’a rien de futile, à une époque où la « crise de la démocratie » frappe durement les sociétés occidentales. La chute des taux de votation aux élections est le premier symptôme de la désaffection et de la désillusion des citoyens à l’égard des institutions politiques. Le cynisme ambiant est aussi alimenté par le sentiment d’impuissance face à des politiciens professionnels qui semblent peu se soucier de leurs engagements ou de l’intérêt général à la suite de leur élection. Dans son Discours de la servitude volontaire, La Boétie n’écrivait-il pas déjà que certains tyrans « règnent par l’élection du peuple » ? En fait, pourquoi un citoyen ordinaire ne pourrait-il pas faire au moins aussi bien que nombre d’élus ?
Une façon d’essayer de contrer ce sentiment, trop répandu, de choisir ses tyrans par le vote serait peut-être d’ajouter une dimension de hasard dans la sélection de nos représentants. C’est cette avenue originale qu’explore Hugo Bonin. Originale sans doute, mais non sans précédent, puisqu’elle a déjà été pratiquée par le passé, comme il le rappelle. En effet, la Grèce et la Rome antiques ont notamment eu recours à ce mode de sélection. Cependant, le choix des représentants du peuple ne s’y faisait que parmi un sous-ensemble de la population.
Une question à envisager : jusqu’où pourrait-on aller dans l’utilisation du hasard pour la sélection de nos représentants ? Hugo Bonin suggère certaines limitations initiales : enjeux limités d’abord, rotation des charges, « redevabilité », révocabilité. Malgré ces réserves, il faut dire que les tentatives récentes de « jurys citoyens » se sont pour la plupart soldées par un blocage par les parlements, en contradiction avec leur discours officiel d’ouverture.
Malgré tout, peut-être qu’un jour pas si éloigné le hasard jouera un rôle non négligeable dans la sélection de nos gouvernements, que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral.
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