Geneviève, la riche épouse désSuvrée d’un dénommé Bassano, mari, père et banquier toujours absent, écrit à Éric Holder dont elle lit les livres avec intérêt. Celui-ci lui répond. S’engage alors entre eux une correspondance qui les mènera à une rencontre, puis à une autre et à une autre encore. Marié et père Holder s’octroie des vacances au pays de Bassano. Une passion naît, mais pas de ces passions qui font rêver, plutôt de celles auxquelles on s’estime chanceux d’échapper. La correspondante met en scène deux personnages vaguement égarés qui cherchent on ne sait trop quoi : lui, adolescent perdu au pays des adultes, elle, prédatrice tissant lentement sa toile, s’entrechoqueront dans l’espace clos du pigeonnier où ils nichent, se soustrayant ainsi au regard des autres qui habitent « la demeure Bassano ».
Éric Holder est-il vraiment l’homme instable et alcoolo plutôt grossier qu’il décrit sous son propre nom dans La correspondante ? Pas d’importance me direz-vous ? Pourtant si, puisque tout au long de la lecture de son cinquième roman, j’ai ressenti un malaise, comme si j’étais forcée d’entendre les confidences de quelqu’un sans les avoir sollicitées, un peu comme si l’auteur avait laissé sa pudeur au vestibule.
On retrouve néanmoins dans La correspondante la belle écriture que j’ai découverte en lisant Mademoiselle Chambon en 1996. On en retient de très beaux passages : « Un roman me tournait autour, je ne vois pas d’autre expression, ainsi parfois que des rubans de brume effilochés, tôt le matin, au-dessus des prés, forment des espèces de ‘ ronds de fées ‘ discontinus. Tâche-t-on de s’en approcher, dans le désir enfantin de prendre un peu de cette gaze si fine dans la main, qu’ils disparaissent. » À lire, pour le plaisir des mots.