Une splendeur orgueilleuse finit par se dégager de cette misère crue, brute, presque atavique qui habite ce premier roman de Naomi Fontaine, jeune Innue de 23 ans, originaire d’Uashat. Kuessipan irradie une luminosité nordique qui puise sa source dans la fierté même de ses habitants confinés dans une réserve modeste de la Côte-Nord.
Hachées à coups précis de parataxes, les phrases courtes confèrent un rythme régulier, à la limite d'une paisible monotonie. À l'image d'une vie n'offrant pas beaucoup de surprises, dans la réclusion d'une réserve sans relief. La parole, parfois elliptique, voit son sens se clarifier au détour d'une allusion anecdotique (un décès tragique, un accident de voiture), où se racontent les pertes multiples dans un monde où les hommes et les femmes meurent bien trop jeunes. La langue, simple, est constellée de phrases souvent nominales au lexique limité sans accuser de pauvreté pour . . .
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