Ni biographie en bonne et due forme, ni ouvrage théorique, ni essai critique, le livre de Hebding emprunte pourtant un peu à ces diverses formes, sans recourir à une terminologie savante ou à un appareil de notes. L’auteur, rédacteur en chef de l’hebdomadaire protestant Réforme, ne propose aucun élément biographique inédit, pas plus qu’il ne jette sur l’œuvre un regard neuf ou trop coloré idéologiquement. Son but est plutôt de circonscrire, en peu de pages, une figure romantique majeure, en montrant comment s’articulent la vie du penseur danois et sa réflexion ininterrompue sur la foi, l’angoisse, le christianisme.
Le plan de l’ouvrage est en grande partie chronologique et thématique. À une relation, fort sommaire il est vrai, des épisodes notables et notoires de la vie du philosophe, théologien et poète ‘ désillusion spirituelle de 1838, fiançailles rompues avec Régine Olsen, polémiques avec le théologien Martensen et l’évêque Mynster ‘ se joint un résumé explicatif des grands thèmes de la pensée kierkegaardienne. Les notions capitales de salut existentiel, de désespoir sont ici contextualisées, à la fois historiquement et philosophiquement, et bénéficient au fil des pages d’une narration claire et simple, qui n’évite pas les retours, les reprises. L’accès aux textes de Kierkegaard étant parfois malaisé, pour une part en raison de l’usage tout personnel que fait l’écrivain du vocabulaire le plus courant, le livre de Hebding constitue une bonne introduction aux écrits, à la vie et aux idées de cet apologue de la souffrance et du renoncement.