Quel destin peu banal que celui de Lactance Papineau ! Fils de Louis-Joseph Papineau, Lactance est élève au Collège de Saint-Hyacinthe quand éclatent les événements de 1837-1838. Dès la fin de son année de philosophie, en août 1838, il se réfugie à Saratoga, dans l’État de New York, avec plusieurs membres de sa famille. L’été suivant, il part pour Paris rejoindre son père en exil. Lactance passera cinq ans dans la capitale française où il se consacrera à des études de médecine. De retour au pays en 1844, il réussit l’examen du Bureau de médecine de Montréal. À peine a-t-il le temps d’installer son cabinet de consultation et d’obtenir un poste de professeur de botanique à la Faculté de médecine de l’Université McGill qu’il sombre mystérieusement dans la folie. On parle de maladie nerveuse, de manie de persécution, de comportements bizarres, d’idées fixes. Il a 24 ans. Lactance Papineau finira ses jours dans un asile des environs de Lyon où il mourra à l’âge de 40 ans.
Le Journal d’un étudiant en médecine à Paris couvre, comme son titre l’indique, les années parisiennes de Lactance Papineau. Rédigé en style télégraphique, il rend davantage compte des cours pratiques suivis par le jeune étudiant que de ses états d’âme ou de sa pensée politique. Si par moments les interminables observations médicales finissent par lasser, le journal mérite toutefois d’être lu, ne serait-ce que parce qu’il décrit les mSurs de l’époque, la vie des Papineau en exil et les soins de santé dispensés au XIXe siècle. À cet égard, il est plutôt rassurant de constater à quel point la médecine a évolué depuis.
L’intérêt du journal de Lactance Papineau doit beaucoup au travail de Georges Aubin et de Renée Blanchet qui se sont chargés d’établir l’édition du texte et de rédiger les notes et l’introduction. Leurs recherches fouillées enrichissent la lecture et redonnent une seconde jeunesse à cet ouvrage qu’il valait la peine de sortir de l’oubli.