Vaillancourt et son penchant pour la provocation et les audaces de toutes natures. Le voir, comme le fait le sous-titre, sous l’angle du « sculpteur engagé », c’est également rester fidèle au personnage. Cela, qui témoigne de la sympathie qu’éprouve le biographe pour Vaillancourt, semble pourtant dispenser Grande d’un examen pénétrant de l’uvre. C’est toujours le personnage qui relance l’écriture, c’est toujours à ses plaidoyers qu’on revient et beaucoup plus rarement à son cheminement artistique.
La biographie prend dès lors figure d’hommage, avec le risque de la complaisance. Les témoignages sont, dans l’ensemble, sans surprise, les contradictions entre l’uvre de Vaillancourt et ses prises de positions politiques ne font l’objet que d’une discrète mention. L’immense Zadkine, qui aurait invité Vaillancourt à le rejoindre à Paris, passe comme une glorieuse étoile filante. Grande ne précise pas ce qui en Vaillancourt avait pu plaire à Zadkine ni en quoi les deux styles pouvaient se rejoindre. L’endossement perd de sa force.
L’image de Vaillancourt sort de l’aventure sans enrichissement. L’homme, déjà connu pour sa fougue, demeure prisonnier de ce jugement un peu simpliste. Grande avait l’occasion de montrer que Vaillancourt, outre son culot légendaire, mérite d’être traité comme un artiste de premier plan. Sur ce terrain, la mission n’est qu’à demi accomplie.