Voilà un Jésus qui me laisse perplexe. Didier Decoin est un grand romancier dont j’apprécie beaucoup les livres. Mais pourquoi reprendre le récit évangélique dont on possède déjà quatre versions canoniques à peu près concordantes ? Pourquoi en récrire les moments les plus spectaculaires : les noces de Cana, les multiples guérisons, la rencontre avec la Samaritaine (que le romancier ne peut résister à la tentation d’érotiser), le jugement de la femme adultère, la découverte du tombeau vide par Marie-Madeleine, etc., sans rien y ajouter d’autre qu’une certaine insistance à souligner la figure idéale de ce sauveur si profondément humain ?
Justement, à la fin, et c’est peut-être le but de l’opération, l’auteur a senti le besoin de rallonger le récit évangélique par une scène où Jésus fraîchement ressuscité vient à la rencontre de ses disciples-pêcheurs et leur prépare lui-même le poisson grillé qu’il partage physiquement avec eux, sur un rocher qui s’avance dans la mer. Une façon risquée de relancer l’épineux débat sur la double nature de ce Dieu fait homme. Vraiment, les convertis vont toujours plus loin que les autres !