Et si Jésus n’était pas mort sur la croix ? Si les clous dans ses mains et ses pieds ne l’avaient pas achevé, mais plutôt aidé à survivre à ce supplice (auquel les suppliciés succombaient habituellement par suffocation) ? Ce sont peut-être là des questions valables. D’ailleurs, plusieurs personnes avant Catherine Clément se sont attardées sur les questions entourant la crucifixion et la résurrection ; on n’a qu’à penser aux récents essais romancés de Gérald Messadié, L’Homme qui devint Dieu, ou à celui de Jacques Duquesne, Jésus.
Jésus au bûcher est un roman plutôt qu’un essai et un roman-psychanalytique plutôt qu’un roman-mystique, dans la veine de La dernière tentation du Christ de Nikos Kazantzàkis, popularisé par le film du même nom de Martin Scorsese. Catherine Clément nous raconte ici une histoire mille fois contée. Cela ne nous la rend pas sans intérêt pour autant, au contraire ! L’histoire de Jésus nous est contée à travers une autre histoire, contemporaine à la nôtre, par un homme qui rencontre la narratrice et dont on finira par savoir qu’il s’agit d’un yogi.
Tout commence à la Genèse, et l’on s’aperçoit rapidement que cette histoire ne ressemble en rien à celle de la Bible. Dieu même y prend les caractéristiques d’un enfant de cinq ans : égoïste et manipulateur, il crée l’homme sur un coup de tête et s’en lasse plutôt rapidement. Un ange, Iblis, et la première femme avant Ève, Lilith (abandonnée par Dieu et par Adam, inachevée), décident cependant de s’occuper des hommes, de leur faire prendre conscience de leur condition. Jésus sera finalement la solution. Sa vie occupera la plus grande partie de ce roman, qui emprunte beaucoup d’événements primordiaux et anecdotiques de la vie de Jésus aux évangiles apocryphes. Au début, l’auteure affirme que Jésus a d’abord et avant tout été le premier être révolté contre Dieu : le fils de l’homme. Mais cette révolte semble s’atténuer au cours du récit et Jésus, comme manipulé par Iblis, paraît loin d’être un homme libre de tous dieux.
La lecture de ce roman de Catherine Clément reste très agréable, même si la complexité des événements prime trop souvent sur la complexité des personnages.