D’emblée, ce texte est dominé par la difficulté d’être, par le vertige du mal être : « Quoi faire de cette tristesse voilant tout, riant aux éclats, de tous ces morts qui tombent en moi ? » Comment, dès lors, apprendre à vivre quand tout s’étiole en soi et autour de soi ? Marine la narratrice craint ainsi de devenir une personne aigrie, abîmée, incapable de vivre. À cela s’ajoute l’inévitable critique de la société postmoderne et de l’impact de celle-ci sur nos vies. À la limite, l’existence apparaît comme quelque chose à craindre : la peur domine par cette séparation de soi d’avec le monde. La solitude semble absolue, l’aliénation totale… On nous dit : « La peur est pire que tout, toujours. La peur de vivre à pleins tubes. Prive de vivre. » Tout est, dans ce livre, centré autour d’une quête de sens à fleur de vie quotidienne mais faisant surtout appel, malheureusement, à des lieux communs qui atténuent l’intensité de certains moments forts.
Voilà donc un roman morcelé, à l’image de la vie éclatée de Marine, un texte qui relève plutôt de la poésie en prose à cause de sa structuration en fragments : ce qui nuit à la continuité dramatique, à sa lecture.