Lire la dernière biographie de Jacques Prévert, c’est traverser le XXe siècle en compagnie du plus connu de ses poètes. Au fil des 700 pages que compte l’ouvrage d’Yves Courrière, le lecteur effectue un voyage fascinant au cœur de la vie artistique parisienne. Le poète, qui n’aimait pas travailler seul, était constamment entouré de gens qui, tout comme lui, ont marqué le monde des arts (Picasso, Breton, Vian…). Le parcours d’un chef de bande pas comme les autres.
Le poète, qui n’a presque rien écrit avant la vingtaine, allait pourtant devenir l’écrivain le plus populaire de Saint-Germain-des-Prés. D’origine plus que modeste, Prévert sera pratiquement élevé dans la rue et toute son œuvre s’inspirera des bas-fonds de Paris qu’il a si longtemps fréquentés. Malgré l’extrême pauvreté qui les afflige, les Prévert sont heureux : le père boit beaucoup, mais il est avant tout un grand rêveur qui raconte des histoires merveilleuses à ses enfants et la mère est dotée d’une telle joie de vivre qu’aucun malheur ne semble l’affecter.
L’homme de théâtre participera, au cours des années 1930, à la formidable aventure du Groupe Octobre : une troupe de théâtre vouée à la défense des pauvres gens exploités par le capitalisme. La plume incisive de Prévert séduira les foules et sa carrière prendra ainsi son envol.
Le cinéma aura toujours été une priorité pour la famille Prévert ; le père réussissait à trouver l’argent nécessaire pour fréquenter assidûment les salles et le poète sera naturellement porté à explorer ce nouveau média. Jacques, son frère Pierre et Marcel Carné produiront les premiers chefs-d’œuvre du cinéma français. Il est fascinant de suivre le parcours difficile de ces pionniers du septième art qui, malgré la guerre, produiront des œuvres de grande qualité qui trônent encore aujourd’hui parmi les classiques du cinéma.
Une biographie comme elles devraient toutes l’être : rigoureuse, bien documentée et écrite dans un style propre à attirer un large éventail de lecteurs.