Jack London est l’auteur américain le plus lu dans le monde. Pourtant, la biographie proposée par Jennifer Lesieur est la première d’une auteur francophone. Il n’y avait eu, auparavant, que quelques traductions plus ou moins réussies. Dans son ouvrage, la biographe retrace fidèlement et en détail la vie de cet écrivain très prolifique, malgré sa brève existence – il est mort à 40 ans. Né en 1876, et ayant grandi dans la misère, Jack London a connu très tôt le travail abrutissant et mal payé. Cela a fort probablement contribué à faire germer en lui les convictions socialistes qui l’ont accompagné tout au long de sa vie.
En plus d’être auteur, London a été, entre autres, ouvrier, pilleur d’huîtres, vagabond, marin, chasseur de phoques, chercheur d’or, blanchisseur, journaliste, rancher. Plusieurs de ces expériences lui ont été sources d’inspiration et lui ont permis de bâtir une œuvre dense et variée. On croit trop souvent qu’il n’a, dans ses romans et nouvelles, traité pratiquement que de la ruée vers l’or en Alaska et au Yukon. Pourtant, L’appel de la forêt, Croc-Blanc, Le fils du loup et ses autres récits du Grand Nord ne constituent que quelques-uns des titres qu’il a publiés. D’autres ouvrages, comme Le peuple d’en bas et Martin Eden, ont certainement eu beaucoup plus d’importance à ses yeux, car il y exprimait plus nettement ses préoccupations de justice et d’équité.
Autre méprise à propos de Jack London : on croit généralement ses livres destinés aux enfants. Encore une fois, ce n’est pas le cas. Les premières traductions en français ont été édulcorées en y gommant plusieurs passages jugés trop brutaux ou sanglants. Mais, plus récemment, les éditions Phébus ont entrepris de rééditer ses ouvrages dans de nouvelles traductions plus fidèles.
London n’était pas dépourvu de contradictions. Malgré ses convictions socialistes et ses appels à l’égalité et au partage, il a souvent affiché des opinions racistes dans ses récits. À plusieurs reprises, il a manifesté sa certitude de la supériorité de la race blanche et, en particulier, des Anglo-Saxons. Pourtant, ailleurs, il trace de beaux portraits d’Amérindiens, d’Hawaïens ou d’Asiatiques.
Voilà donc une captivante biographie qui vous donnera à coup sûr le goût de découvrir ou de redécouvrir l’œuvre de Jack London.