Nous sommes, avec ces récents poèmes de Paul Chamberland, situés entre Dans la proximité des choses (l’Hexagone, 1996) et Le froid coupant du dehors (l’Hexagone, 1997). En effet, notre poète-philosophe nous offre ici une écriture très poétique et qui reprend l’idée directrice des fameux Géogrammes : l’horreur d’être au monde.
Comme dans la plupart de ses livres, c’est le Poète — nous regardant de sa fameuse distance nietzschéenne — qui nomme un réel condamné au chaos ou indique ce qui nous permettrait d’éviter l’Apocalypse. La Terre est dévastée mais toujours prête à redonner la vie et cela, grâce à la Parole du poète. L’Humain est trop humain : il ne peut cependant tout détruire sur son passage, malgré les Horreurs commises et les carences de la Mémoire, l’inertie des générations passées. Le Vivant ne cesse de surgir de l’immonde : « À la fin de la Terre / un chant s’élève et passe / au-dessus des charniers. » Tout semble être sous l’emprise de la terreur, mais l’humain persévère même s’il court la plupart du temps à sa perte. Paul Chamberland ne peut ainsi s’empêcher d’envisager la beauté du monde. Il nous dit : « Au moment même, est-ce que la seule constellation / de tous les yeux / ne ferait pas de la Terre, accordée de toutes parts / à la saveur humaine, / un diamant habitable ? »
On pourrait facilement reprocher à Paul Chamberland de se répéter, mais il le fait avec subtilité et pertinence dans sa dénonciation des lourdeurs de notre époque.