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NUIT BLANCHE

Le Prix Goncourt 2000 a récompensé un romancier relativement peu productif, qui nous offre ici un portrait de sa compagne, l’actrice et chanteuse allemande Ingrid Caven (née en 1943). La mention « roman » qui sert de sous-titre devient nécessaire, car la part de subjectivité et de transposition introduite par l’auteur nous éloigne considérablement de la forme biographique. Ce roman stylisé évoque d’abord l’enfance de la petite Allemande et son goût pour la chanson, dans un genre exalté que l’on pourrait situer entre Édith Piaf et Anna Prucnal. Plus tard, l’héroïne rencontrera un homme qui donnera un sens à sa vie : le metteur en scène Rainer Werner Fassbinder, qui lui fera jouer des rôles de soutien dans quelques longs métrages, dont Martha (1973) et le merveilleux Maman Kuster s’en va au ciel (1975). Ingrid Caven jouera aussi dans La Paloma, film insolite du Suisse Daniel Schmid. Le spectre de Fassbinder est omniprésent dans ce livre, deux des quatre chapitres lui étant consacrés.

Les références au jet-set et au milieu culturel allemand abondent : Yves Saint Laurent, Bianca Jagger, Andy Warhol, Lilo (pour Lilo Peimpeit, pseudonyme de la mère envahissante de Fassbinder), Peer (Raben, compositeur des trames sonores des films de Fassbinder), le réalisateur Alexander Kluge (dont Schuhl orthographie maladroitement le nom, avec un tréma superflu). Schuhl évoque aussi de grands acteurs (Conrad Veidt, Erich von Stroheim) et des films d’autrefois (Le cabinet du Docteur Caligari, Docteur Mabuse).

Ce roman éclaté, sorte de road-movie, est comme un monologue intérieur. On pense parfois aux romans d’Adrzej Bart ou de Camilo José Cela, mais ce n’est pas la même chose…

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