On survit à Sequoyah, une petite ville de l’Oklahoma. En cette veille de Noël 1985, Caney Paxton, rescapé de la guerre du Vietnam, dont le corps est paralysé, revient sur ses souvenirs douloureux à l’intérieur de l’Indian Café ; Molly O, sa fidèle amie, astique et accroche les guirlandes de Noël, espérant le retour de sa fille Brenda. Seuls quelques habitués et routards perdus fréquentent encore le café qui tombe en désuétude. Mais lorsque Vena Takes Horse, jeune errante d’origine indienne, et Bui Khanh, réfugié d’origine vietnamienne, débarquent, les habitudes sont bousculées ; les deux étrangers vont réveiller les âmes. Les vieilles colères, les préjugés et les rêves enfouis, mais aussi la solidarité, l’amour et la confiance en la vie surgiront, transformant le quotidien. Tout deviendra possible, enfin presque…
Les romans de Billie Letts transcendent le réel. Ainsi, dans ce deuxième roman, comme dans La petite voix du cœur (Belfond, 1996), l’auteure décrit des êtres désaxés qui d’ordinaire auraient eu un destin tragique ; pourtant, grâce à l’amour et à la solidarité, ils parviendront presque miraculeusement au bonheur. Dans cette Amérique pauvre du Sud où la plupart n’ont pas de toit ou bien vivent dans des roulottes, de jeunes mères abandonnées, des enfants laissés à eux-mêmes, des hommes et des femmes meurtris et dépravés réussissent à recréer une famille, à se donner un point d’attache pour ne plus dériver.
Indian Café est un roman solidement construit autour de l’intrigue principale entre Vena Takes Horse et Caney Paxton et à travers une constellation de personnages pittoresques. L’écriture réaliste saisit, avec une précision presque trop cinématographique, la vie du sud des États-Unis et nous offre une vision de la société américaine rarement mise en scène. À lire, donc, pour ces personnages attachants et les descriptions savoureuses, mais que ceux qui sont allergiques au talc pour bébé et aux happy ends s’abstiennent.