La vie d’Hélène est faite de renoncements. Un beau jour, cette enseignante en philosophie a renoncé tout simplement à vivre. Mais il n’est pas si simple, justement, de se désister à la plus élémentaire fonction de l’organisme : se colleter avec la réalité. Et Hélène l’apprend à son corps défendant à l’hôpital, alors que ses collègues de chambrée apprenaient l’une après l’autre les noms des maladies terribles qui les frappaient sournoisement. Ainsi le cas de cette femme en phase terminale de cancer qui préférait taire à sa famille son inquiétante situation, car la mort se sent et elle ne voulait pas affronter seule cet ultime passage. Hélène, qui n’était pas attachée à la vie et attendait avec impatience et comme une gratification la venue prochaine de la mort, se verra soudainement chavirer sous un flot ininterrompu de questions existentielles. Pourquoi s’être, une vie durant, accoutumée à l’art du peu ? Comment et pourquoi céder au goût de se détruire ? Pourquoi son fils Paolo a-t-il, un beau jour, quitté le cocon maternel ? Des suppliques intimes poussent Hélène à se persuader de son existence. Et insensiblement, elle se remet à vivre. Afin de ne pas prendre l’habitude de vivre, elle regarde toutes les petites choses du quotidien avec bonheur et intérêt. Ce qu’elle n’a jamais réussi à faire dans la vie de tous les jours, parce qu’exister constituait une peine, elle le réussit dans l’antre d’un service hospitalier : elle apporte la bonne nouvelle, une véritable bouffée d’air frais, et respire la joie de vivre. Hélène a peut-être raison : un individu n’a jamais commencé ou terminé de vivre. Car nous ne sommes pas préparés à ça.
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