Récipiendaire du Grand Prix du roman de l’Académie française ainsi que du prestigieux Prix Goncourt en 1997, Patrick Rambaud, l’auteur de La bataille, nous revient avec le deuxième volet de sa trilogie impériale, Il neigeait. Cette fois, l’action se transporte trois ans après la désastreuse bataille d’Essling (que personne n’a gagné, malgré 40 000 morts !). Nous sommes en Russie, en 1812 et, au moment où le roman commence, les armées de Napoléon, épuisées, affamées et passablement démoralisée arrivent enfin aux portes de Moscou. À partir de là, tout va aller de mal en pis : Moscou est incendiée, l’armée du Tsar, invisible jusqu’alors, commence à se manifester. C’est le début d’un des épisodes les plus tragiques et les moins glorieux de toute l’épopée napoléonienne – la retraite de Russie – avec la fameuse traversée de la Bérézina où se distingua l’un de mes ancêtres, le général Éblé. Avec ses hommes, il assura le passage de la rivière à la Grande Armée. Malheureusement, comme des milliers d’autres, il y laissa sa peau ! Toutes les horreurs de cette débâcle, vécue par des militaires et des civils, sont racontées à travers les points de vue de différents personnages, ce qui contribue à l’impression de chaos et de catastrophe. Plus de 300 000 personnes ont péri dans cette campagne insensée orchestrée par un Napoléon malade, menteur, cynique, gras et tyrannique, complètement déconnecté de la réalité, qui déplace des troupes qui n’existent plus, refuse de voir les problèmes et rêve d’alliances et d’Europe unifiée sous la bannière de la France ! Le portrait démystificateur que fait Rambaud de l’Empereur est tout à fait passionnant. Il reconstitue de façon brillante une sombre page de l’histoire de France avec un talent de conteur magistral.
Malgré tout, j’ai préféré le premier roman de la trilogie : le rythme en était plus nerveux, l’action plus resserrée, plus centrée sur la bataille dont l’auteur décrivait les divers épisodes avec brio. Dans Il neigeait, la galerie des personnages est peut-être trop importante, on a parfois tendance à se perdre un peu. Néanmoins, ça reste passionnant et j’attends le troisième volet (Waterloo ?) avec impatience.