Parmi les diverses révolutions qui ont affecté le texte, Internet est sans doute la plus considérable. C’est, du moins, l’avis de Christian Vandendorpe et de Denis Bachand. Selon eux, Internet ne constitue pas un simple concurrent de l’écrit, comme la télévision ou la radio : il représente, au contraire, « une mutation des supports, qui vient modifier à la fois la nature du texte, les modes de lecture et, à terme, le rapport au langage ». Le sous-titre de l’ouvrage renvoie précisément à ces nouveaux supports en évoquant les « espaces virtuels » de la lecture et de l’écriture. Par « virtuel », les auteurs de cet essai ne désignent pas seulement l’écran mais, plus largement, le réseau rhizomatique que forme l’hypertexte de la Toile (Web).
L’intérêt principal de Hypertextes, Espaces virtuels de lecture et d’écriture est de réunir les contributions de chercheurs et de praticiens de l’art provenant d’horizons assez différents. Cette diversité se manifeste dans la structure en quatre parties de l’essai. La première est consacrée à une réflexion plus spécifiquement philosophique sur la cyberculture. Alors que Pierre Lévy et Derrick de Kerckhove se montrent très enthousiastes à l’égard des potentialités d’Internet, Hervé Fischer et Patrick J. Brunet rappellent les dangers de toute technique mal maîtrisée. Dans le second chapitre, il est essentiellement question des mutations de la lecture engendrées par la création des hypertextes et l’émergence d’une littérature dite numérique. La troisième section de l’ouvrage, la plus importante d’un point de vue quantitatif, rend compte des nouvelles formes d’écriture et de productions artistiques (revues électroniques, créations multimédiatiques, etc.). Enfin, Denis Bachant, Bernard Perron et Bertrand Gervais s’intéressent aux nouveaux modes de narration (jeux vidéo, cinéma) et aux rapports qui peuvent éventuellement se nouer entre ces médias, le texte littéraire et Internet.