Située dans un quartier cosmopolite de Montréal (le Mile-End), l’église Saint Michael est le point de départ de cet essai qui milite en faveur de l’hybridité culturelle. Construite pour des immigrants irlandais dans un style architectural insolite, fréquentée aujourd’hui par des Polonais et des Italiens, l’église Saint Michael offre au visiteur « un fouillis d’éléments décoratifs joyeusement hétéroclites ». Issu du travail d’appropriation des communautés successives, ce tissage inattendu et inédit d’éléments hétérogènes fait de cet édifice un bon exemple d’hybridité culturelle ; ce concept ne doit être confondu ni avec celui d’acculturation, qui renvoie à l’effacement d’une culture au profit d’une autre, ni avec celui de multiculturalisme, qui désigne la coexistence dans l’indifférence de plusieurs systèmes culturels. L’hybride, nous dit l’auteure, est le produit d’une mise en relation : il qualifie ce qu’il advient lorsque des groupes s’influencent et que de la rencontre naissent de nouvelles formes d’expression, imprévisibles, faites de fragments culturels empruntés puis assimilés et réinterprétés. Sherry Simon précise les choses en prenant des exemples littéraires. En choisissant d’écrire dans des langues inventées, en utilisant un vocabulaire disparate et une syntaxe inhabituelle, en usant de références culturelles éclectiques, des auteurs aussi différents que A.-M. Klein, Édouard Glissant, James Joyce, Régine Robin, Dany Laferrière ou Salman Rushdie disent que l’hybride est l’unique registre identitaire viable parce qu’il relance l’imaginaire et ouvre sur un nouvel espace d’incertitude, donc de liberté. Dans son plaidoyer, l’auteure nous alerte sur les risques de repli nationaliste et invite le lecteur à réfléchir à l’équilibre possible et nécessaire, dans un contexte de mondialisation, entre culture, identité et citoyenneté.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...