Il y a sans contredit de bons textes dans Humains aigres-doux, un petit recueil de nouvelles courtes, comme je les aime. Suzanne Myre met en scène des personnages typés, à la limite du stéréotype : entre autres, il y a Chrystelle, la fille in, inauthentique à souhait, aux goûts douteux mais provocants, qui tripe sur son cabanon en résine de synthèse et dont tout le monde se moque ; le coiffeur bisexuel un-peu-pas-mal déjanté, Walter (prononcez Voualtèr), alias Roger (barbier soi-disant recyclé à New York), qui fait une tête d’enfer (à lire au pied de la lettre) à Chrystelle ; le macho infidèle en congrès qui fait un peu trop de confidences à sa blonde sur ses cartes postales, la blonde de l’infidèle qui se fait draguer par l’ami de son chum qui est le frère de la fille superficielle ; et, finalement, la fille plutôt revêche qui abhorre les sushis, les soirées de poésie et les personnes sans profondeur… comme Chrystelle.
Suzanne Myre ponctue ses textes de petites cruautés comme d’autres parsèment leurs textes de bons sentiments. On sent que, pour elle, l’écriture est un exutoire et tout y passe : Richard Desjardins, les souliers à semelles colossales, Danielle Steel, les hauts talons, les teintures à cheveux, l’écoute de l’enfant intérieur, les BMW, les filles in : « Alors, cette super copine qui est si riche, parce que les sushis, hein, ça donne peur au portefeuille, c’est quoi son nom, déjà ? Ah oui, Chrystelle, pauvre elle, porter un prénom devenu cheap à cause d’un soap américain cheap, elle arrive à quelle heure avec le souper ? »
Comme des bonbons acidulés qu’on aurait enrobés d’une pâte d’humour, les douze nouvelles du recueil Humains aigres-doux (plutôt aigres que doux) passent bien : un peu mince côté « profondeur » mais divertissantes.