Gabriel Osson plaide la cause des restavèks. Il décrit en la dénonçant la situation vécue par ces enfants haïtiens dont on estime aujourd’hui le nombre à plus de 400 000.
Un restavèk, en créole, fait référence à un enfant placé comme « domestique » dans une famille où il « reste avec » jusqu’à sa majorité. En théorie, cette famille doit lui permettre d’aller à l’école après son « travail ». La réalité, si l’on se fie à celle décrite dans le roman Hubert, le restavèk, est tout autre. L’enfant n’est ni plus ni moins qu’un esclave. Ce sera le cas d’Hubert. Ses parents, qui vivent pauvrement à Jérémie, le confient à une tante habitant à Port-au-Prince, qui le place dans une famille bourgeoise, les Mirevoix. Il a alors près de treize ans. S’il est victime de nombreux sévices, physiques et sexuels, de la part des membres de la famille, la fille de la maison lui enseigne les rudiments de l’écriture et de la lecture tout en convainquant ses parents de lui permettre de suivre les cours de l’école des restavèks, ce qui lui ouvrira, un jour, les portes de l’enseignement. Quelques années plus tard, il profite du séisme de janvier 2010 pour fuir. Errant dans les rues de la capitale, il est recruté par un gang de rue et commet divers larcins. Par hasard, il rencontre une prostituée d’origine dominicaine, Maria-Helena, s’échappe de son gang et devient un prostitué. Ce « métier » procure au jeune couple un bon revenu qui leur permet de se marier, de fonder une école pour les enfants démunis et de changer de vie.
Maintenant adulte et directeur de cette école, Hubert témoigne de son parcours. Le récit a toutes les apparences de la réalité. On comprend alors que l’auteur prenne la peine d’écrire que « même si les faits relatés sont basés sur la réalité », les personnages sont fictifs. De plus, tous les droits d’auteur seront remis à deux organisations venant en aide aux restavèks. La volonté est nettement sociale, la littérature étant au service de la cause. Le récit n’en est pas moins captivant : Gabriel Osson brosse un portrait sensible et vivant d’une société aux prises avec des problèmes qui semblent insolubles, mais auxquels certains, comme Hubert, Maria-Helena et d’autres autour d’eux, s’attaquent avec détermination.
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