Ce roman écrit sous forme de lettre nous présente le personnage de Jean-Marc, réfugié à New York le temps d’une fin de semaine. Il a, en fait, quelque chose à raconter, à avouer à un ami psychanalyste « en sabbatique » à Paris. Jean-Marc l’imagine recevant sa lettre, la palpant, cherchant à deviner son contenu. Il tente d’interpréter les moindres réactions de cet ami, le seul selon lui qui peut comprendre, analyser le « secret » qui va lui être dévoilé, ce quelque chose qui gruge plus ou moins consciemment Jean-Marc depuis fort longtemps et qu’il désire exprimer dans cette lettre-confession écrite, curieusement, devant un miroir…
Ayant aperçu, malgré lui, son reflet dans une vitrine au cours d’une promenade rue Sainte-Catherine, tout un aspect très négatif de son passé le frappe durement, d’où la fuite à New York. C’est essentiellement d’un procès de la famille, de l’héritage génétique qu’il sera question dans ce texte. C’est dire que Jean-Marc a toujours refusé de ressembler à quelqu’un appartenant à son milieu originel. Il tente d’exorciser cet aspect de lui-même par l’écriture, par cette correspondance qu’un vieil ami psychanalyste devrait normalement percer à jour.
Michel Tremblay disait récemment, en entrevue, qu’il avait été frappé par la brièveté, la concision et la richesse des romans de Nina Berberova. Notre populaire romancier a-t-il été, ici, à la hauteur avec ce court roman qui tranche nettement d’avec le foisonnement des précédents ? Laissons, simplement, les lecteurs et lectrices en juger. Toujours est-il que l’on peut regretter l’ambivalence et la profondeur du personnage de Marcel dans Un objet de beauté (Leméac/Actes Sud, 1997).