Après avoir convié les lecteurs à vivre au rythme du Jardin sablier (mention spéciale au prix Anne-Hébert 2008, lauréate du prix Alfred-Desrochers 2007, finaliste au prix Radio-Canada 2007 et au prix Archambault 2009), Michèle Plomer les invite en Chine avec un nouveau roman au titre énigmatique.
Sur un coup de tête, la narratrice de HKPQ accepte un poste au sein d’une organisation sociale internationale qui l’envoie d’abord à Canton. Elle y fait une rencontre bouleversante alors qu’une jeune servante chinoise en fuite, Wang Xia, lui confie une lettre pour sa mère. Arrivée à destination, Wang Xia disparaît dans la foule et la narratrice se retrouve malgré elle chargée de l’étrange mission. Mutée très rapidement à Hong Kong, elle y mène une vie solitaire marquée par de petits rituels rassurants : essayer tous les poissons et les fruits de mer du Tranquil Seafood Restaurant, ouvrir les pages de son guide sur Hong Kong et, en pointant son doigt au hasard sur les descriptions des lieux à visiter, choisir le coin du Port Parfumé dont elle partira à la découverte le dimanche suivant. C’est ainsi qu’elle aperçoit un jour, au Goldfish Market, un étonnant poisson dans un bocal. « Elle, car elle ne pouvait être qu’une poissonne, était d’un rose tendre, translucide presque, comme un camée. Elle n’avait pas d’écailles, mais une peau fine, sans aspérités. Elle mesurait huit centimètres tout au plus et avait le lobe frontal prononcé. » Mais plus encore, Poissonne a deux mains et sa bouche, semblable à une bouche humaine, forme des mots ! Émerveillée, la narratrice négocie le poisson auprès du jeune neveu du propriétaire de la boutique absorbé dans sa partie de cartes.
Une série de faits étranges viennent alors compliquer singulièrement l’existence de la narratrice : on lui vole son sac sur un traversier, son appartement est saccagé, son amie Wang Xia est arrêtée et un mystérieux inconnu au chandail vert la suit. Décidée à rompre avec un passé qui l’a meurtrie en s’installant en Chine, la narratrice serait-elle poursuivie par le fantôme de H. pourtant enterré dans un cimetière quelque part au Québec ? « J’étais venue en Chine du Sud pour être humaine. Pour baigner dans le grand pool. Poissonne me rappelait à cela. » La chance, cet élément philosophique indispensable à une vision du monde tout asiatique, permettra à la jeune Québécoise de changer son destin
Mené avec aplomb et efficacité dans un style vivant où apparaissent çà et là un vocabulaire et des tournures de phrase amusantes, HKPQ se lit d’une traite avec un certain plaisir. Néanmoins, cette histoire fantaisiste portée par un enchaînement d’événements fortuits marqués du sceau de la superstition chinoise où se mêlent les réminiscences d’une relation amoureuse vénéneuse s’efface bien vite sans laisser de trace. Somme toute, Michèle Plomer offre ici un moment de détente tout en légèreté qui plaira aux amoureux de la Chine mais qui, toutefois, risque de décevoir un peu les lecteurs séduits par Le jardin sablier.