On se souvient de Benoît L’Herbier pour ses deux livres sur la chanson québécoise (dont un sur Robert Charlebois), mais les moins de 50 ans ne connaissent probablement pas le père de celui-ci, Robert L’Herbier, alias Robert Samson. Ce dernier choisit son nom d’artiste en hommage au réalisateur français Marcel L’Herbier, dont les films (comme La comédie du bonheur) connaissent un certain succès au Québec. Robert L’Herbier vivra plusieurs carrières, comme chanteur populaire, animateur de radio (à l’émission Les joyeux troubadours), puis directeur de la programmation à Télé-Métropole, dès l’ouverture de cette première chaîne privée, en 1961. Le titre de cette biographie fait écho à une chanson très gaie, « Heureux comme un roi », popularisée au Québec par Robert L’Herbier en 1946, alors que son créateur, Francis Lopez, n’avait obtenu en France qu’un succès médiocre.
L’ouvrage dresse plusieurs portraits succincts de quelques artisans influents dans l’histoire de notre culture populaire d’après guerre, par exemple les producteurs Paul Langlais et J. A. DeSève, deux personnages omniprésents dans les coulisses de la radio, du cinéma et de la télévision. Des témoignages de proches, comme Lucien « Frenchie » Jareau, Dominique Michel, Lucille Dumont, Fernand Gignac, Réal Giguère, Lise Watier, confirment les liens d’amitié que Robert L’Herbier, artiste et gestionnaire, a su tisser.
En 1960, sa carrière prend un nouveau tournant lorsqu’il devient le premier directeur de la programmation de Canal 10, une nouvelle chaîne totalement différente de Radio-Canada, qui proposera – au lieu des téléthéâtres et des téléromans sérieux de la chaîne publique – des émissions comme Cré Basile (avec Olivier Guimond), Symphorien (avec Gilles Latulippe et Juliette Huot), et Les tannants. Le livre Heureux comme un roi nous aide ainsi à comprendre l’impact de l’avènement de Télé-Métropole sur la fin du monopole de Radio-Canada. Comme il existe relativement peu d’archives sur la télévision québécoise d’avant 1970 (et encore moins d’enregistrements vidéo des premières émissions de Télé-Métropole), cette contribution pourra alimenter ceux qui voudraient en faire l’histoire.