Considéré comme l’un des plus grands spécialistes du Moyen Âge, Jacques Le Goff appartient à la tradition des historiens qui lient l’histoire à la géographie. Au fil de ses ouvrages, il a intégré la dimension humaine à sa réflexion sur l’espace et le temps. Avec Héros et merveilles du Moyen Âge, il aborde le monde de l’imaginaire qu’il définit comme « le système des rêves d’une société, d’une civilisation transformant le réel en vue passionnée de l’esprit ».
Quel est son propos ? En une vingtaine de chapitres, autonomes en eux-mêmes, le grand médiéviste nous présente « les héros et merveilles du Moyen Âge tels que le Moyen Âge les a construits, vénérés, aimés, puis légués aux siècles futurs ». En outre, son étude englobe les différents avatars qu’ont connus ces héros et merveilles au fil des époques qui ont succédé au Moyen Âge et jusqu’à aujourd’hui.
L’espace balayé par ce livre coïncide avec celui de la culture chrétienne médiévale et de ses héritages divers : la Bible, l’Antiquité gréco-romaine, les traditions païennes celtique, germanique et slave. De ce tour d’horizon qu’il a voulu européen, Jacques Le Goff a retenu quelques grandes figures historiques bien connues (le roi Arthur, Charlemagne, le Cid, etc.), des représentants de la société médiévale (le chevalier, le trouvère, le jongleur), des chimères (Mélusine, la licorne, etc.) et quelques lieux symboliques (la cathédrale, le château fort, le cloître). L’ouvrage fait également une large place aux illustrations.
À la lisière de l’essai et du livre « à regarder », sans être vraiment ni l’un ni l’autre, Héros et merveilles du Moyen Âge ne devrait pas ajouter à la renommée de Jacques Le Goff. Pour le lecteur, le malaise réside dans la brièveté du propos sur les objets d’étude, brièveté qui le laisse sur son appétit. D’autant plus que cette minceur n’est pas rachetée par l’iconographie. Pour apprécier Héros et merveilles du Moyen Âge, il faut le prendre pour ce qu’il est : une invitation à poursuivre ses lectures sur l’imaginaire médiéval.