Guy Provost est un passionné de théâtre. En lisant cette biographie écrite à la première personne, on constate que cet acteur sympathique a aussi participé, durant un demi-siècle, à quelques-uns des films les plus déterminants du cinéma d’ici (Alexis dans Un homme et son péché ; le docteur Beauchemin dans Les ordres ), et à un grand nombre de radioromans et de téléromans ( Les Plouffe ; Les belles histoires des pays d’en haut ). Son parcours professionnel éclaire tout un pan de l’histoire culturelle du Québec. On y découvre l’aventure inhabituelle d’un Hullois qui eut la chance de pratiquer son art en France à une époque où le théâtre y était en pleine effervescence.
Les anecdotes racontées dans Guy Provost, Rêver les yeux ouverts en disent long sur le Québec des années 1940. L’acteur se souvient des tournées qui amenaient les comédiens à voyager de nuit en voiture sur des routes ni bien indiquées ni éclairées. En 1952, lorsqu’il cherchait du travail à Paris, une amie française, également comédienne, le met en garde avec condescendance : « Mon pauvre petit Guy, qu’est-ce que vous allez faire à Paris ? Le chômage y est endémique parmi les comédiens et, en plus, vous êtes Canadien… » Mais il connut le succès en France ; à son retour à Montréal, en 1955, l’attendaient de nombreuses propositions d’engagement !
La vie professionnelle de Guy Provost, si bien remplie, a compté des rencontres et des moments privilégiés : Gérard Philippe et Jean Vilar en France, le festival d’Avignon au début des années 1950, puis l’équipe de Radio-Canada lors des débuts de la télévision au Québec. Ce survol d’une carrière révèle aussi que le métier d’acteur est une profession qui change beaucoup selon les lieux et les époques et que l’un des mérites de Guy Provost est d’avoir été le premier acteur québécois à connaître une renommée internationale.