Parmi les théories les plus largement employées en gestion, une des plus récentes est celle de la gouvernance. Apparue alors que la poussière de la faillite d’Enron n’était pas encore retombée, il s’agissait d’un outil qui devait empêcher pareil désastre de se reproduire. Seulement, dans le brouhaha qui a suivi la chute de nombreux empires financiers, plusieurs penseurs et gestionnaires ont tous avancé leur propre théorie sans forcément s’interroger sur ce que d’autres échafaudaient, chacun se basant sur sa propre expérience. Il fallait un livre synthèse, et le voici.
La gouvernance est une façon holistique de penser la gestion d’un projet, d’une entreprise (quelle que soit sa taille) ou d’un pays. Dans son essai, Gilles Paquet, professeur à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, définit la gouvernance comme étant une « coordination efficace quand pouvoir, ressources et informations sont vastement distribués entre plusieurs mains ». Selon la perspective employée pour expliquer cette théorie, il s’agit soit d’un concept fort ancien qui prend racine avec les grands philosophes grecs, soit d’un phénomène récent. Chose certaine, cette approche, à l’instar de toute idée nouvelle ou renouvelée, exige un travail de définition afin d’en circonscrire les frontières, et ce, tant sur le plan théorique que pratique.
Gilles Paquet présente ici un essai complet sur la gouvernance, avec une revue de la littérature qui présente les principaux cadres d’analyse pertinents et, pour illustrer son propos, il se sert d’exemples de tout genre. Dès les premières pages, il souligne que ce concept est transdisciplinaire, issu des sciences politiques et de la gestion, situé entre l’histoire et l’ethnographie, non loin de la philosophie. Détail intéressant, Paquet introduit le concept de stewardship, qu’il oppose à celui de leadership, dont le monde de la gestion se gargarise. Il s’agit d’une version éthique du leader, doté d’un esprit de responsabilisation et d’adjudication. Un livre pertinent qui présente plusieurs modèles théoriques, permettant de mieux saisir le concept de gouvernance ainsi que ses champs d’application.