Il fut un temps où l’art était essentiellement destiné à des collectionneurs (avisés) pour le seul plaisir esthétique de ces derniers. L’art aujourd’hui est public et les institutions, musées et galeries œuvrent à maintenir et même à accroître cette visibilité qu’assurent, par ailleurs, les technologies modernes. Quelle est alors notre réaction face à ces images qui envahissent notre univers ?
Une tentative de réponse à cette question nous fait vite réaliser que le rapport du public à l’image est maintenant plus qu’esthétique. Se passant de l’écrit, l’image a toujours eu une portée universelle. Aujourd’hui diffusées sur toute la planète, les images tendent à véhiculer des contenus eux aussi universels comme la violence, le sexe
Michaël La Chance, dans Frontalité, Censure et provocation dans la photographie contemporaine, fait une étude approfondie de notre perception de l’image. Philosophe et écrivain, il a beaucoup contribué à la littérature sur l’esthétique littéraire et visuelle. Il propose ici une approche méthodique à partir d’une classification de positions possibles que peut prendre le grand public : la position absolutiste, la position libérale, la position moraliste et enfin la position intégriste. Pour ne pas trop nous perdre, il se borne à considérer un mode d’expression qui, depuis plus d’un siècle, a pris une importance considérable : la photographie, particulièrement sa figuration du corps vu en tant que préfiguration de l’ordre social. La photographie apparaît comme création artistique, représentation obscène ou revendication politique sans que l’une n’exclut l’autre. L’auteur nous amène alors à des questions pertinentes : l’artiste, pour tester les limites de défense de la société, doit-il faire du corps un élément provocateur et l’art doit-il, dès lors, défier les valeurs établies ? Ce faisant, l’art perd-il ou non son autonomie intellectuelle et morale ?
C’est à travers des analyses, des opinions diverses, des commentaires, que l’auteur tente de nous orienter dans ce monde d’images où coexistent difficilement censure et provocation.