Auteure de brèves, de nouvelles et de poésie, Carmen Leblanc s’est découvert avec le temps une passion pour le haïku. Cette passion lui a valu le premier prix de l’Association de promotion du haïku et de la Maison de thé Chajin de Paris pour un poème sur le thé. Fragments de ciel suit son premier recueil de haïkus paru en 2008 : Nid de brindilles.
Les courts poèmes de Fragments de ciel ébauchent des instants capturés çà et là, sur les thèmes universels que sont les saisons, la nature, la beauté, les escapades et la mort. D’ailleurs, certains de ces thèmes sont repris dans ce poème final : « [A]u-dessus des villes / au-dessus des champs / des fragments de ciel ». C’est un des beaux poèmes du recueil.
Quelques fragments poétiques frappent dans le mille ; j’ai déniché au fil de la lecture des trouvailles, de petits coups de cœur. Par contre, d’autres textes, plus faibles, me laissent tiède, pour ne pas dire de marbre. Les meilleurs sont sans doute ceux qui sous-tendent une toile de non-dits, qui effleurent une marée de détails, en même temps qu’ils restent totalement branchés à une réalité concrète, ancrée dans l’espace-temps. Et de ce type de texte, il y en a, mais trop peu, dans Fragments de ciel.
L’art du haïku est d’abord, d’après moi, un art d’observation. Ensuite faut-il savoir transposer le tout en une poésie qui frappe l’imaginaire, l’intellect, mais surtout la mémoire sensorielle et seulement à ce moment, on fait mouche. Dire simplement, oui, mais avec grande justesse, sans un mot de trop. Il s’agit d’un art difficile, que peu de poètes maîtrisent réellement ; certains y arrivent par la grâce d’un instant, mais la magie n’opère pas nécessairement dans le texte suivant.
Un recueil à lire, certes, mais qui laisse un peu sur sa faim.