Écrivain primé (Prix Georges-Émile-Lapalme 2003), amoureux de notre langue et par ailleurs homme politique, André Gaulin avait déjà fait paraître plusieurs ouvrages, recueils de poésie, essais et études, dont L’île d’Orléans, microcosme du Québec (cosigné avec Norbert Latulippe, 1984), qui déjà magnifiait un territoire ancestral. De nouveau, il propose une ode magnifique à cet autre symbole d’appartenance qu’est le fleuve Saint-Laurent, ce qui lui permet d’évoquer le pays, la musicalité des choses et la continuité de ce qui nous caractérise collectivement.
Évitant l’hermétisme, André Gaulin nous offre des poèmes évocateurs, quelquefois écologistes, souvent composés comme de petites histoires qui remonteraient le temps, par exemple par un écho à une belle chanson de Charles Trenet ou par l’usage de mots anciens, comme dans le poème intitulé « Le cœur français de l’Amérique » : « Il mit sur l’électrophone / ‘la Romance de Paris’ / et soudain sa mère qui lui apparut / lisant dans sa chaise berceuse de frêne / arrachée à son beau cimetière ».
L’adéquation entre ces poèmes et les photographies (de Sylvain Filion, Norbert Latulippe et l’auteur) occasionne parfois d’heureuses coïncidences sur une même page, comme ce fleuve infini allant vers l’horizon pour compléter le poème « Le fleuve n’a jamais fini de monter ». Ces vers réussissent à traiter du passé sans pour autant sombrer dans la nostalgie. D’une saison à l’autre, le temps est immobilisé, pétrifié, retardé, comme dans le poème « Il recula d’un souvenir ».
En somme, Fleuve compagnon est un beau livre d’images vivantes et d’images poétiques qui célèbrent notre fleuve (vu de la Côte-du-Sud) et, par extension, tout le Québec. En plus de sa grande qualité littéraire, l’ouvrage est substantiel et fournit ainsi une forte dose de cette éblouissante poésie du paysage.
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