Écrit en 1953 à Lakeville (Connecticut) pendant la « période américaine » (1945-1955) du prolifique Georges Simenon, Feux rouges nous parle – comme tous les « romans-durs » ou dits « non-policiers » de l’auteur – de l’« homme nu », vrai, débarrassé de ses masques sociaux et culturels. Des personnages en état de crise traverseront plutôt mal une étape cruciale, souvent cruelle, de leur vie : le destin les frappe en plein visage.
La vie ordinaire d’une famille de la classe moyenne américaine de Long Island bascule. Steve Hogan est « entré dans le tunnel », il est pris d’une sérieuse envie de boire que sa femme Nancy n’apprécie guère, au moment où ils doivent aller chercher leurs enfants dans un camp de vacances situé dans le Maine. Mais l’alcool n’est, pour Steve, qu’un prétexte pour dépasser les conventions, les normes contraignantes d’une société beaucoup trop rigide. Un univers bien codé va s’effriter, va sombrer dans le chaos ; il restera, toutefois, des possibilités de réconciliation, de rédemption. Les « happy-end » sont plutôt rares dans l’œuvre tardive de Georges Simenon et l’avenir des personnages reste ambiguë. On pourra, à cet égard, préférer les fins abruptes, tragiques des romans des années trente.
L’écriture de Simenon est, comme toujours, sobre. Le style, épuré, expéditif.