« Les écrivains, affirme l’auteur de Faut-il rentrer de Montevideo ?, sont entourés de fantômes qu’ils entretiennent en secret, comme des danseuses ou des demi-mondaines. » Depuis longtemps, François Bott circule à travers les saisons de la vie accompagné de trois spectres qui, en apparence, ont fort peu de choses en commun : Isidore Ducasse, Arthur Cravan et Rik Van Steenberger.
Inconnus ? Pas tout à fait. Sous le nom du comte de Lautréamont, le premier est devenu une icône de l’histoire littéraire avec ses Chants de Maldoror. Le deuxième, neveu d’Oscar Wilde, poète et boxeur – ou boxeur et poète selon les jours -, courait le monde en laissant derrière lui des femmes éplorées. Le troisième, champion du monde cycliste, a flambé sa vie aux tables de poker de tous les casinos d’Europe. Des vies marquées du sceau d’un absolu inatteignable qui se sont dissoutes en rêves inachevés dans un grenier rue Faubourg-Montmartre, quelque part sur les côtes mexicaines ou dans une chambre miteuse d’Anvers. « [ ] il y a des gens qui, par leur manière de s’éclipser, nous forcent à nous interroger sur le grand mystère, le grand vertige des disparitions. »
Qu’on partage ou non la fascination de François Bott pour ces comètes qui ont traversé l’Histoire en coup de vent, on ne peut que se laisser prendre par son écriture et son évocation toute personnelle de ces destins tragiques. Car, en dépit de l’appellation « roman » affichée sur la couverture de Faut-il rentrer de Montevideo ?, le livre de Bott est davantage une évocation, en trois chapitres distincts, de moments charnières des parcours d’Isidore Ducasse, d’Arthur Cravan et de Rik Van Steenberger, avec, en prologue et en épilogue, de courts textes expliquant les motivations et les recherches de l’auteur sur les traces de ses fantômes de prédilection.
Ceux qui ont aimé Les étés de la vie (L’Arpenteur, 1999) s’embarqueront sans doute avec plaisir pour ce voyage sur les rives du Río de la Plata, sur celles du lac Léman et dans les rues d’Anvers que propose François Bott avec Faut-il rentrer de Montevideo ?