Entrer dans un café, c’est assister invariablement à un spectacle éclectique des plus divertissants. Dans ce type de commerce se trouve toujours un échantillon de la faune urbaine locale qui va du fidèle habitué au simple passant désirant refaire le plein de caféine. Chaque client, qu’il soit seul, en dyade ou en groupe, se donne en quelque sorte en spectacle. Autour d’une tasse de café, se forment des tableaux que le client le moindrement curieux se fera un plaisir d’observer discrètement, tout en sachant pertinemment qu’il fait lui-même partie de ce spectacle.
André Carpentier, professeur au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal, s’est amusé à découvrir les cafés de Montréal, tout en prenant soin de varier les établissements et les quartiers afin de proposer au lecteur tout un kaléidoscope d’images. À chaque arrêt, autour d’une tasse, il s’est amusé à noter les scènes dont il était le témoin, et à rapporter certaines bribes de conversations glanées au hasard des tables. Après tout, comme l’auteur le souligne si bien, le café est « un lieu social qui génère ses événements et qui en diffuse les retombées ».
André Carpentier arpente les rues de sa ville à la recherche de ces petits cafés de quartier qu’il affectionne tout particulièrement et qu’il décrit avec une verve littéraire aussi riche et variée que les environnements qu’il explore. Et le résultat est aussi délicieux qu’un bon café. Le plaisir de lire cet ouvrage relève du fait qu’il est possible ‘ voire fortement suggéré ‘ d’ouvrir le livre à une page choisie au hasard et de plonger dans cet instant volé.
Cette lecture comporte toutefois quelques risques, dont celui de se reconnaître. En guise d’avertissement au lecteur, André Carpentier note en effet que « toute ressemblance des personnages de ce livre avec des personnes réelles serait le fait d’une coïncidence aussi imprévisible que naïvement recherchée ». Un livre tout simplement savoureux.