Comme à l’habitude, sous le regard de Daniel Castillo Durante, la vie n’a rien d’une comédie. Surtout les relations familiales, qui sont souvent douloureuses et constituent sa principale source d’inspiration. Dans Étrangers de A à Z sont regroupés une soixantaine de « microrécits », allant d’un simple paragraphe de trois lignes à un maximum de deux pages. Il s’agit donc d’un recueil de courtes nouvelles, où règne par ailleurs l’étranger. Ainsi, dans le texte éponyme, il est question d’un couple composé d’un Albanais et d’une Zambienne vivant à Paris. Les protagonistes des textes viennent de lieux aux noms empreints d’exotisme ou y habitent, des lieux aux consonances souvent latino-américaines, mais aussi d’ailleurs. Que ce soit à Puerto Vallarta ou à San Miguel de Allende au Mexique, à Lima, à Panama City, à Puerto Viejo au Costa Rica, à Natal au Brésil, à Cuenca en Équateur, à Buenos Aires, à Punta del Este en Uruguay, à Cartagena de Indias en Colombie, à Rome, à Ottawa, ou tout simplement sur le Plateau-Mont-Royal ou dans La Petite-Patrie, les personnages se démènent dans les drames qu’ils provoquent ou qu’ils subissent : amours ancillaires ou incestueux, viols, désamours filiaux, pères évanouis, trahisons, ruptures, drogue, assassinats, vengeances, prise d’otages, petites cruautés familiales, trafic d’organes ou d’enfants. Parfois, sont dépeintes des situations qui paraissent moins dramatiques de prime abord, comme le « jovialisme », le lyrisme de dirigeants d’organismes internationaux refusant de regarder en face la misère quotidienne endémique qui persiste en Afrique, en dépit de tous les beaux discours. Daniel Castillo Durante illustre plutôt dans ses textes le côté sombre de la nature humaine. Les chutes de ses nouvelles surprennent parfois par leur dureté. Il aime jouer avec le contraste. Un de ses personnages déclare à sa compagne : « Tu étais la benjamine d’une famille patricienne et francophile installée depuis trois générations en Uruguay. Ton grand-père maternel avait même participé à l’indépendance du pays […]. Tu en étais fière. J’avais beau regarder en arrière, pas l’ombre du moindre héros dans mon arbre généalogique, que des gagne-petit et des traîtres ». En somme, les microrécits de Daniel Castillo Durante sont loin de présenter une vision édulcorée de la vie.
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