Biotechnologies, clonage, thérapies géniques, essais sur les êtres humains, procréation médicalement assistée, tourisme médico-expérimental où est l’homme dans tout ça ? En tout cas certainement pas sur le front des débats houleux qui divisent la communauté scientifique (et politique) et qui permet aux multinationales pharmaceutiques et de recherches de s’immiscer dans cette brèche laissée à l’abandon par la conscience citoyenne, pour faire du profit et breveter non plus l’invention, mais la connaissance elle-même. Désormais, il faut payer pour avoir accès aux séquences partielles d’ADN, matière première de l’humanité banalisée et acquérant une valeur marchande effroyable sur le marché mondialisé des gènes.
Le médecin généticien français dit que l’avancée fulgurante des démons de la science, ces dernières décennies, n’est pas inéluctable : le public averti peut et devrait prendre la parole afin d’édifier un XXIe siècle qui ne se conjugue pas avec découvertes « à la Frankenstein » et autres monstres tout droit sortis des éprouvettes de chercheurs en mal de reconnaissance et d’expérimentations ahurissantes.
Si ce milieu effraie, par méconnaissance des expériences en cours, en raison de l’inanité des analyses des résultats obtenus ainsi que d’une vulgarisation grand public trop encline au sensationnel, Axel Kahn réussit à nous rendre intelligible ce monde ésotérique, nous aide à décrypter les théories scientifiques et les idéologies. Son livre, sorte de condensé encyclopédique de tout ce qui se fait actuellement dans le monde des Sciences, nous en apprend plus sur la génétique, sur les phénomènes complexes de l’hérédité chromosomique que tous les cours de sciences à l’école et autres contenus d’émissions télévisées d’une extravagance coupable. Ce plaidoyer pour un humanisme moderne (sous-titre du livre) est empreint de pensée éthique kantienne et parfois aussi de prises de position.
Axel Kahn en appelle à la sagesse, à une solidarité non plus écrite sur le papier mais bel et bien effective. Cette sorte de morale universelle régissant le biologique et le médical n’est pas utopique, quoiqu’elle pourrait le rester si d’aventure les gens ne prenaient conscience que la science et les technologies sont indispensables à l’homme pour survivre si seulement la justice et le respect mutuels sont de mise.