Outre ses essais et les deux romans qui précèdent son dernier recueil, on se souvient de Jean Larose comme animateur inspirant de l’émission radiophonique « Passages », de l’époque où la deuxième chaîne de Radio-Canada pouvait se qualifier de culturelle.
L’auteur de La petite noirceur n’a rien perdu de sa verve. Et il est toujours question de culture dans cette collection de courts textes écrits au cours des vingt dernières années, période où, selon l’essayiste, on a assisté au triomphe de la « contre-culture de consommation », au détriment de la « grande culture associée à l’humanisme moderne ». Dans une prose limpide, émaillée d’images fortes et de formules lapidaires, Larose investit tour à tour les grands thèmes de la création, de l’éducation, de la langue et de la liberté, parfois en témoin de l’histoire, par exemple en commentant l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis.
Avec à ses côtés les auteurs Paul Chamberland, André Malraux, Gaston Miron, Pierre Nepveu, Fernand Dumont, Gilles Vigneault et Saint-Denys Garneau, entre autres, Larose refuse d’obtempérer aux diktats du moment, refuse de se laisser enfermer dans une logique de paresse intellectuelle et de suffisante facilité. Du coup, il se distancie du refus global, de la table rase. Il plaide plutôt pour la continuité, pour la mémoire, pour une vision de la culture comme exigence de réappropriation continue. Dans un mémoire qu’il écrit à la demande de l’Union des écrivaines et écrivains du Québec, on trouve l’idée-force selon laquelle la langue est beaucoup plus qu’un code, l’écrivain bien autre chose qu’un producteur de messages. Pour Larose, la littérature est engagement, réinterprétation, reconquête perpétuelle de l’héritage propre à l’humanité.
Souvent d’une sévérité cinglante à l’endroit de l’époque et de ses contemporains québécois (« épais sans complexe »), Larose n’en demeure pas moins capable de s’émouvoir devant les images de Montréal et les jambes de Pascale Bussières dans le film Eldorado. Que l’on ne se méprenne pas, l’écriture de Larose ne verse ni dans le rejet ni dans le ressentiment, elle est au contraire l’expression d’un attachement profond à la communauté humaine. À lire et à relire.
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